Comment la BEI soutient l’initiative numérique «Team Europe» pour lutter contre la COVID-19 en Afrique

Une contribution de
Benoît Denis, Économiste, Banque Européenne d’Investissement
Jean-Michel Huet, Associé, BearingPoint
Ludovic Morinière, senior manager, BearingPoint

21 août 2020

Comment la BEI soutient l'initiative numérique « Team Europe » pour lutter contre la COVID-19 en Afrique (Benoît Denis, Jean-Michel Huet, Ludovic Morinière)
Benoît Denis, Économiste, Banque Européenne d’Investissement (BEI); Ludovic Morinière, senior manager, BearingPoint; Jean-Michel Huet, Associé, BearingPoint. © DR, montage AP.P

«Le plan de l’Union européenne pour lutter contre la pandémie comprend une nouvelle initiative appelée «Team Europe» qui aide tous les pays partenaires, en dehors de l’Union européenne, à se remettre de la crise. Team Europe combine l’aide de l’UE, de ses États membres et d’institutions financières telles que le Groupe de la Banque européenne d’investissement.

En juin 2020, près de 36 milliards d’euros avaient été mobilisés pour cette initiative. Le Groupe BEI a promis 6,7 millions d’euros pour Team Europe. L’aide de la BEI répondra aux besoins urgents en matière de soins de santé et aidera de nombreux secteurs publics et privés.

Partout dans le monde, les secteurs public et privé ont développé des services et des infrastructures numériques pour améliorer les services de santé et dynamiser l’économie. L’utilisation de plus de technologies numériques pour aider les sociétés est une priorité absolue de l’Union européenne et répond à l’«Agenda vert». Les services numériques devraient être un élément clé d’une stratégie commune qui sera approuvée lors de la réunion au sommet de l’Union européenne et de l’Union africaine, prévu en octobre 2020.

Plusieurs entreprises africaines et européennes ont indiqué leur forte volonté d’utiliser leur expertise et leur technologie pour trouver des alternatives à la mise en quarantaine des personnes et pour aider à lutter contre la crise. Certaines des nouvelles technologies numériques utilisées actuellement en Afrique peuvent être mises en œuvre rapidement et se sont révélées utiles dans la lutte contre la pandémie dans plusieurs pays.

Pour mieux comprendre les solutions numériques qui peuvent aider l’Afrique et estimer l’investissement requis, la Banque européenne d’investissement a organisé une vaste enquête dans de nombreux pays africains, avec l’aide du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)et du cabinet de conseil BearingPoint.

Cinq priorités pour lutter contre la crise sanitaire

L’objectif était de mettre en évidence des solutions technologiques pouvant gérer la pandémie et de fournir une estimation des coûts. Cette évaluation comportait deux phases principales : identifier les solutions qui aident déjà l’Afrique et l’Europe; identifier les solutions numériques dont les pays africains ont besoin.

Ces solutions ont été classées selon cinq priorités pour lutter contre la crise sanitaire liées à la Covid-19. Ces priorités sont les suivantes :

1 – Informer, communiquer sur les risques et géolocaliser des dossiers

2 – Soutenir la réponse des systèmes de santé

3 – Fournir les produits de première nécessité et gérer la continuité des services essentiels

4 – Protéger des populations vulnérables

5 – Anticiper l’impact sur la société et l’économie

Sur la base de cette classification, et après avoir examiné plus de 100 solutions numériques en Europe et en Afrique, une liste restreinte a été établie avec environ 42 déploiements réussis de solutions numériques spécifiques ou d’études de cas par pays qui répondent aux cinq priorités, en particulier dans les pays africains. Ensuite, 25 solutions numériques et études de cas ont été décrites dans le détail.

La seconde phase de l’étude a consisté à mener des questionnaires auprès de plus de 40 personnalités interrogées, dans 30 pays, toutes chargées de participer, coordonner, voire gérer directement les réponses digitales que leur pays apporte à la crise Covid-19. Pour les pays qui n’ont pu donner de réponses ou qui n’ont pas pu être sollicités, les informations collectées par le PNUD ont été analysées, ainsi que des informations publiques sur l’état des solutions déployées.

Sur la base des résultats, trois catégories de pays ont été identifiées  :
1 – Les pays ayant une faible capacité à tirer parti des nouvelles technologies numériques, ayant répondu à peu ou pas assez des cinq priorités identifiées par la BEI;

2 – Les pays ayant une capacité intermédiaire pour déployer des solutions numériques, mais ayant la capacité de répondre à deux ou trois priorités identifiées par la BEI;

3 – Les pays qui ont déjà répondu à trois ou quatre priorités avec leurs solutions numériques, mais qui doivent encore mettre en œuvre un plan de transformation numérique et accroître la résilience économique.

L’investissement total nécessaire pour réaliser ces solutions numériques, hors coûts liés à l’infrastructure des télécommunications, à la formation ou à l’amélioration de la législation, a été estimé à 680 millions d’euros : 190 millions d’euros pour la catégorie 1; 140 millions d’euros pour la catégorie 2; 140 millions d’euros pour la catégorie 3.

Conformément à son engagement avec «Team Europe», la BEI travaillera avec les secteurs public et privé pour accroître le financement des soins de santé et des entreprises. Cela comprendra un soutien au commerce régional et aux secteurs très vulnérables. Un financement accéléré sera disponible pour les pays où la BEI opère déjà.

La BEI vise à attirer les investissements du secteur privé et, dans l’esprit de l’approche «Team Europe», cette initiative a été conçue pour que le financement de la BEI puisse être assorti du soutien de partenaires internationaux et européens financeurs du développement.»

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