Les Etats européens refusent encore de participer militairement à ce que l’on nomme la guerre au Sahel, conduite par la seule force française Barkhane. Ils pourraient pourtant sans difficultés mobiliser quelques milliers d’hommes qui rejoindraient le contingent français.
Ceux-ci, associés aux Français qui seuls connaissent la complexité de la région, contribueraient à empêcher la constitution d’unités jihadistes organisées. Les jihadistes visent à prendre progressivement possession non seulement du Mali, mais des Etats plus riches de l’Afrique francophone, Sénégal et Côte d’Ivoire en premier lieu.
Or il est se rendre compte que le refus des Européens de s’engager est motivé par deux raisons qui ne sont pas exprimées officiellement, mais dont on s’entretient beaucoup dans les chancelleries. La première est qu’ils ne voient pas la nécessité d’aider la France au Sahel car celle-ci y mène selon eux une guerre économique dont ils ne profitent pas. Or cet argument refuse de voir la réalité. La zone CFA dans sa totalité, pays du Sahel inclus, représente à peine plus de 1% de tout le commerce extérieur de la France. Autant dire que le Sahel n’existe pas pour l’économie française.
Quant à l’uranium du Niger, il n’est pas indispensable aux activités nucléaires de la France. Sur 63.000 tonnes extraites dans le monde, le Niger n’en produit que 2900. La France pourrait en trouver à meilleur compte dans d’autres pays extracteurs, le Kazakhstan, le Canada la Namibie et même la Russie. Concernant l’or du Burkina Faso et du Mali, la réalité est qu’il est très majoritairement extrait par des sociétés canadiennes, australiennes et turques.
La seconde raison du non engagement européen est qu’ils ne croient pas ou ne veulent pas croire au danger que représenterait pour eux la formation d’unités jihadistes constituées. Or aujourd’hui les islamistes attaquent les administrations et les armées locales afin de déstructurer administrativement des régions entières. Si la France partait, ceci leur permettrait de créer autant de califats. Ayant pris le contrôle de vastes zones, les islamistes disposeraient d’une base arrière étendue leur permettant de mener de véritables guerres ailleurs, comme l’a fait et le fait encore Daesh au Moyen-Orient. Les Etats européens en seraient les premières victimes, directement ou avec le relais d’une partie de l’immigration musulmane.
Pour expliquer le refus des Européens de s’engager, il faut bien voir qu’ils restent dans leur majorité sous le contrôle politique de Washington. Celui-ci, au prétexte de les protéger contre une hypothétique invasion russe, manipule les forces vives européennes afin de renforcer et pérenniser la domination américaine sur l’Europe et ses ressources. Or pour les intérêts américains, stratégiques et économiques, l’élimination de la France du Sahel leur permettrait d’y implanter, mieux qu’actuellement, des positions économiques ou militaires qui leur seraient indispensables pour mieux lutter contre la montée en puissance de la Chine.
Autrement dit, Washington mobilise discrètement tous ses moyens pour persuader les gouvernements européens de ne pas aider la France au Sahel. Il y a tout lieu même de penser que le jihadisme en Afrique, de mieux en mieux organisé, est en grande partie une création des Etats-Unis. Ils avaient tenté de faire de même au Moyen-Orient, en finançant et en aidant militairement Daesh.
Il est malheureusement prévisible que Barkhane ne sera renforcée par personne d’autre que la France au Sahel.
——————————————————————–
Sur le rôle joué par les Américains en Afrique, voyez la vidéo dont le lien est donné ci après
Croisade américaine en Afrique 59 min
https://www.arte.tv/fr/videos/081588-000-A/croisade-americaine-en-af
Jean Paul Baquiast
30/11/2019