par Laurent Lagneau, republier
L’an passé, le général Bertrand Jardin, alors commandant de la Brigade de l’Aviation de Chasse [BAAC], avait confié au magazine Air Fan qu’il était envisagé d’organiser un exercice « Volfa » numérique [par conséquent appelé e-Volfa] en ayant recours à la Simulation massive en réseau [SMR], un concept reposant sur les principes du « serious gaming » [jeu sérieux] et des jeux vidéos.
Expérimentée d’abord par l’Escadron de chasse 2/5 « Île-de-France », la SMR cumule plusieurs avantages : peu coûteuse, elle permet de passer outre les problèmes de disponibilités des avions et de s’affranchir des règles de temps de paix… et donc d’envisager des situations qu’il serait triop risqué de tester dans des conditions « normale » ou encore d’imaginer de nouvelles tactques de combat.
Le développement de la SMR au sein de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] a ainsi été confié au Centre d’expertise aérienne militaire [CEAM] de Mont-de-Marsan et à l’Agence de l’Innnovation de Défense [AID].
Cela étant, pour en tirer tous les avantages, encore faut-il que cette SMR soit la plus proche possible de la réalité. D’où l’appel à manifestation d’intérêt « AlphaWingman » [*] que vient de lancer le CEAM, par l’intermédiaire du Pôle d’innovation technique de défense Alienor. Et cela afin de disposer d’algorithmes de prédiction de survie en combat aérien [probabilité pour un avion considéré d’être encore en vie à un horizon temporel défini] en s’appuyant sur des jeux de données issus de compétitions eSport » [jeux vidéos, nldr].
Alors que, actuellement, il n’est question que « ChatGPT » [pour le meilleur et le pire], soulignant d’abord que la France « identifie l’intelligence artificielle comme une technologie stratégique indispensable pour garantir sa supériorité opérationnelle », le CEAM explique vouloir « optimiser l’emploi des moyens modernes de simulation, notamment en réseau ».
Ces algorithmes de prédiction de survie « devront présenter un intérêt pour la prise de décision par une IA en combat aérien simulé », précise le CEAM, qui dit vouloir s’en servir comme « indicateur de niveau de risque en temps réel pour pilotes en contexte eSport sur des scénarios équivalents » ou encore comme « élément de prise de décisions pour un équipier IA sur le même contexte ».
Au delà des caractéritiques techniques que ces algorithmes devront avoir [fonctionner avec Tacview et DCS World, ne pas exiger une puissance de calcul trop importante, etc], le CEAM laisse entrevoir la suite de ce projet, en citant une possible extension à « d’autres cas d’usages/besoins associés au même contexte [eSport et
combat aérien] comme la prédiction de trajectoires, la recommandation de manœuvres ».
[*] Un clin d’oeil à la compétition « AlphaDogfight« , qui, aux États-Unis, avait opposé un pilote de chasse à un algorithme d’intelligence artificielle?