POUR UNE GEOPOLITIQUE DES OUTRE-MER DE L’UNION EUROPEENNE

MOTION DU CFUP POUR L’ASSEMBLEE GENERALE DE L’UNION PANEUROPEENNE INTERNATIONALE

STRASBOURG 14-15 FEVRIER 2025

L’Union européenne, à travers six de ses États-membres (Danemark, Espagne, Finlande, France, Pays-Bas, Portugal), dispose d’une extension outre-mer. Par cette extension, l’Europe n’est pas seulement un continent mais un archipel. Constitués de 9 régions ultrapériphérique (RUP), de 13 pays et territoires d’outre-mer (PTOM) et de 5 territoires à statut spécifique, les outre-mer européens forment un ensemble de plus de 2,5 M km2 (dont 2,1 M km2 pour le seul Groenland) et de près de 5,5 M d’habitants (1).

Il s’agit pour l’Europe d’une série d’atouts incontestables : accroissement territorial et plus encore de sa zone économique exclusive en mer (25 M km2 contre 11 M km2 pour les États-Unis), présence sur tous les océans et pratiquement sur tous les continents avec les avantages géostratégiques correspondants, réservoir de richesses naturelles à valeur tant économique (1/4 des réserves mondiales de nickel en Nouvelle-Calédonie, importantes réserves pétrolières au Groenland et aux Canaries, présence de nodules polymétalliques autour de la Polynésie française, importance du tourisme dans les Antilles françaises et néerlandaises) qu’écologique (plus grand parc national au monde au Groenland).

Ces avantages ne sont malheureusement pas sans contreparties plus négatives : immensité de la zone économique qui la rend difficile à contrôler (pêche illégale de navires brésiliens au large de la Guyane et de navires de pêche chinois et taïwanais au large des Terres australes et antarctiques françaises), revendications récurrentes des populations locales (récentes manifestations contre la vie chère en Martinique), contestations des États riverains (en dernier lieu de la part des États-Unis sur le Groenland), coûts multiples pour les métropoles en raison de l’éloignement et de la situation sociale.

En outre, les outre-mer européens, en fonction de leur emplacement sur l’atlas mondial, sont sujets à de fortes perturbations. Quand ils sont situés dans la zone tropicale, ils peuvent être victimes de violents épisodes météorologiques (comme l’ont montré l’ouragan Irma aux Antilles en 2017 et le cyclone Chido à Mayotte en 2024) tandis que ceux situés dans les zones polaires subissent une fonte de la banquise consécutive au réchauffement climatique. Ce dernier menace aussi de submersion marine les territoires insulaires (projet de déplacement du village de Miquelon à Saint-Pierre-et-Miquelon).

En dépit ou en raison de cette situation, le lien entre l’Europe et ses outre-mer reste fort par le biais, notamment, des transferts de fonds significatifs opérés tant par l’Union européenne (2) que par ses États membres concernés. Pour cette raison, l’Europe est une chance pour ses outre-mer.

Par ces derniers, l’Union européenne se trouve aussi au cœur des grands enjeux mondiaux. A ce titre, les outre-mer sont une chance pour l’Europe.

Par conséquent, le Comité français pour l’union paneuropéenne propose que l’Union paneuropéenne internationale, réunie en Assemblée générale à Strasbourg les 14 et 15 février 2025, invite l’Union européenne et ses États membres à :

  • Regarder les outre-mer européens sous un angle géostratégique et élaborer une véritable géopolitique des outre-mer, notamment dans les espaces où se jouent l’avenir du monde, en particulier la zone d’influence indo-pacifique.
  • Aider les États concernés à contrôler et maîtriser leur zone économique exclusive contre toute incursion étrangère hostile, y compris par une coopération militaire.
  • Soutenir la souveraineté du Danemark contre toute manœuvre d’appropriation étrangère sur le Groenland.
  • Contrer les actions de déstabilisation constatés dans plusieurs territoires ultra-marins, notamment en Nouvelle-Calédonie.
  • Encourager le développement économique des territoires ultra-marins en permettant notamment une exploitation efficiente de leurs ressources naturelles, terrestres et maritimes, dans l’intérêt des populations locales et dans le respect des équilibres écologiques.
  • Assurer l’indépendance énergétique des outre-mer en développant, en fonction de leur situation géographique, des énergies autonomes, renouvelables et décarbonées.
  • Préserver la base de Kourou comme rampe de lancement de l’Agence spatiale européenne.
  • Reconnaître aux outre-mer leur rôle de sentinelles du changement climatique en préservant leurs écosystèmes et les populations qui en dépendent par l’amélioration de la connaissance, le confortement des espaces protégés et l’amélioration de la prévention des risques naturels.
  •  Témoigner d’une pleine solidarité pour la reconstruction de Mayotte dévastée par le cyclone Chido.

En conclusion, le CFUP estime que la mise en œuvre d’une géopolitique globale des outre-mer européens, intégrant les aspects politiques, militaires, écologiques et économiques est, seule, de nature à garantir la sécurité de l’Europe tout en contribuant à assurer le développement des territoires concernés.

(1) Composition des outre-mer européens

  • 9 régions ultrapériphériques (RUP) qui font partie de l’Union européenne

avec 102 000 km2 et 4,5 M d’habitants

France : Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion, Mayotte, Saint-Martin (partie française)

Espagne : Canaries

Portugal : Açores, Madère.

  • 13 pays et territoires d’outre-mer (PTOM) qui ne font pas partie de l’Union européenne

avec 2 462 870 km2 et 0,8 M d’habitants

France : Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Wallis-et-Futuna, Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), Saint-Barthélémy, Saint-Pierre-et-Miquelon

Pays-Bas : Curaçao, Bonaire, Aruba, Saba, Saint-Eustache, Saint-Martin (partie néerlandaise)

Danemark : Groenland.

  • 5 autres territoires à statut spécifique

* dans l’Union européenne

Finlande :Îles d’Äland

Espagne : Ceuta, Melilla

* en dehors de l’Union européenne

Danemark : Îles Feroé

France : Clipperton.

(2) Aides de l’Union européenne aux outre-mer

Stratégie de l’UE pour les RUP de 2017 (compétitivité, innovation et coopération)

● Période 2014-2020 : 13 Mds € de fonds structurels (FEDER, FEADER, FSE, FEAMP, FC)

(dont POSEI : programmes d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité)

● Période 2021-2027 : 15 Mds € de fonds structurels

Aide aux PTOM

● Période 2014-2020 : 0,36 Mds € de FED

● Période 2021-2027 : 0,50 Mds sur le budget de l’UE (dont 0,22 pour le Groenland)

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