Récession, chômage, endettement et déflation au menu des Européens

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La BCE comme les gouvernements européens annoncent une année 2020 catastrophique en terme macroéconomique. L’heure est à l’endettement massif pour limiter au maximum la casse.

L’investissement des entreprises comme la consommation des ménages s’effondrent en 2020. Source : BCE.DOSSIER SPECIAL COVID-19.

Devant les prévisions de récession publiées par tous les pays européens, avec des reculs des PIB attendus en général autour de -10%, la Banque centrale européenne (BCE) a porté son « Programme d’achat d’urgence pandémique » (PEPP) de 750 à 1 350 mrds€. Il s’agit de faire baisser les coûts de financement des pays européens en rachetant massivement leurs dettes.

En moyenne, les pays européens devraient en effet augmenter leur endettement de 30% en 2020 et souffrir d’un déficit budgétaire moyen d’au moins 8,5%. La BCE s’attend à un taux de chômage européen de 9% en fin d’année et à une baisse de 8,7% du PIB de la zone euro en 2020. Elle se montre plus optimiste pour 2021 avec une reprise de 5,2% en 2021 et de 3,3% en 2022. L’inflation devrait chuter au point de plonger certains pays en déflation.

Des chiffres que sa Présidente Christine Lagarde juge elle-même peu fiables et sans doute optimistes car entachés « d’une incertitude exceptionnelle ». La BCE a d’ailleurs publié deux autres scénarios alternatifs, bénins et sévères.

L’Allemagne mise gros et table sur un redémarrage rapide de son économie

Relativement épargnée d’un point de vue sanitaire, l’Allemagne craint une forte récession sur le court terme. Sur le moyen terme, le pays dispose d’une marge de manœuvre financière importante grâce à son faible endettement. Elle met Berlin en bonne position pour rebondir vite et fort.

Sa chancelière Angela Merkel vient d’annoncer le 4 juin 2020 un second plan de relance considérable de 130 mrds€. Pour les familles, il porte sur une réduction de la TVA de trois points jusqu’à la fin de l’année, le versement de 300 € par enfant, des primes de 3 000 à 6 000 € pour l’achat de voitures électriques, la baisse du prix de l’électricité. Les entreprises recevront de nouvelles aides et les communes verront une partie de leurs dettes reprises par l’État fédéral.

Le premier plan dégageait déjà une enveloppe de 100 mrds€ d’aides aux entreprises et un budget illimité de prêts garantis.
Parallèlement, et pour la première fois, l’Allemagne a accepté l’idée de dettes mutualisées entre pays de l’UE pour relancer l’économie européenne et aider les « partenaires » les plus en difficulté. Cette solidarité devrait bénéficier indirectement à son industrie fortement exportatrice. Il s’agit d’un changement radical pour une nation jusqu’à présent adepte de l’austérité.

Il faut dire que la situation économique s’est dégradée ces derniers mois. En dépit de la mise en chômage partiel de 11 millions d’Allemands, le chômage grimpe en mai à 6,3%. Le secteur automobile, véritable pilier de l’économie allemande, a reculé de 97% en avril. Le pays connaît la récession avec une baisse de 2,2% de son PIB au premier trimestre. Il devrait afficher -6 à -10% pour 2020.

La Grande Bretagne prise en sandwich entre le Brexit et la Covid-19

Plombée par un gouvernement populiste qui dans un premier temps a nié la crise sanitaire, la Grande Bretagne fait partie des pays qui déplorent le plus de victimes dans le monde. Mais comme ses voisins, elle a dû finalement se confiner et donc sacrifier son économie au profit de la santé de ses habitants.

La Banque d’Angleterre prévoit pour 2020 un PIB en chute de 14%, le Brexit et la Covid-19 produisant un mélange détonnant. Le chômage a fait un bond de 69% en avril, passant la barre des deux millions en dépit du dispositif de chômage partiel financé par l’État. Huit millions de Britannique en ont bénéficié, percevant 80% de leur salaire. 10% de la population active devrait se retrouver sans travail estime le gouvernement. En avril, le premier ministre Boris Johnson a présenté un plan de relance budgétaire de 30 milliards de livres sterling (39 mrds€). Une somme destinée à irriguer le système de santé, à financer l’assouplissement des règles d’arrêt maladie, à aider les entreprises en difficulté.

Récession et chômage pour tous les pays européens

Tous les autres pays d’Europe du Nord seront également à la peine en 2020. La Suède, qui a pourtant refusé le confinement et en paye aujourd’hui le prix au niveau sanitaire, devrait voir son PIB reculer de 7 à 10% en 2020. Son taux de chômage flirtera avec les 10% en décembre. La Banque du Danemark table sur un recul du PIB de 3 à 10% sur l’ensemble de l’année. En Belgique, le Bureau du Plan estime la chute du PIB à -10%, alors que le gouvernement Suisse annonce -11%. La Banque d’Irlande est à peine plus optimiste avec – 8% .

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