Discours Vienne 17 novembre 2022, Centenaire de Pan Europe

Alain Terrenoire, Président de l’Union Paneuropéenne Internationale

Messieurs les Présidents, Chers amis Paneuropéens,

A l’initiative de Paneuropabewegung Österreich, que je félicite et que je remercie, nous commémorons le centième anniversaire de l’appel adressé de Vienne par Richard Coudenhove-Kalergi pour l’Union Paneuropéenne. 

Cet appel révolutionnaire fut la réponse historique qui convenait au massacre suicidaire commis entre européens, lors de la première guerre mondiale et au démantèlement de l’Europe, provoqué par les traités de paix qui suivirent.  

Né austro-hongrois, devenu tchécoslovaque avant de prendre la nationalité française, Coudenhove-Kalergi fut entendu et suivi par les plus hautes personnalités scientifiques, culturelles et politiques de cette époque. 

C’est son projet Paneuropéen qui fut présenté en 1929 à la Société des Nations par le président Aristide Briand. 

C’est Coudenhove-Kalergi qui inspira à Churchill la création du Conseil de l’Europe, comme c’est lui qui donna l’idée à Robert Schuman de créer la communauté européenne du charbon et de l’acier. 

C’est aussi le fondateur de l’Union Paneuropéenne qui suggéra le choix de la 9e symphonie de Beethoven comme hymne européen. 

C’est Coudenhove-Kalergi qui favorisa le rapprochement entre de Gaulle et Adenauer pour la réconciliation et l’entente franco-allemande, indispensables pour consolider la paix en Europe.

Il avait ainsi précisé sa pensée :  » L’Europe, dans son morcellement politique et économique, peut-elle assurer sa paix et son indépendance face aux puissances mondiales extra-européennes qui sont en pleine croissance ? Ou bien sera-t-elle contrainte, pour sauver son existence, de s’organiser en fédération d’Etats ? Poser la question, disait-il, c’est y répondre ? »

Certes, depuis, l’Union Européenne en a donné un début de réponse encourageante.

Mais, en ce jour de commémoration, ce n’est pas le moment de faire le bilan de ce que notre union a permis, a réalisé, ni rappeler ce qu’il lui reste encore à accomplir dans le cadre de ses institutions actuelles pour parvenir aux objectifs qu’elle s’est fixés.

Néanmoins, je tiens, en cette circonstance, à exprimer notre reconnaissance à Otto de Habsbourg-Lorraine qui, comme député européen et comme président de l’Union Paneuropéenne Internationale, s’est beaucoup mobilisé pour la rupture du rideau de fer et pour l’adhésion à l’Union Européenne des pays de l’Europe centrale et orientale. Ce combat continue pour que tous les pays européens qui le souhaitent puissent rejoindre l’Union. 

La guerre engagée par la Russie le 24 février 2022 contre l’Ukraine n’est pas le premier conflit qu’elle a délibérément provoqué.
Cette guerre est dans la continuité des opérations précédentes, menées par l’armée de Poutine dans la Transnistrie Moldave, dans l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud Géorgiennes et dans la Crimée et le Donbass Ukrainiens.

Cette guerre meurtrière est menée contre des civils et contre la culture, la civilisation et les valeurs de l’Europe, toute entière.  

Par cette guerre barbare, la Russie s’en prend à la démocratie, à l’état de droit et aux libertés publiques.

La résistance héroïque du peuple ukrainien et de son président est un exemple pour tous les européens.
Mais, cette guerre est malheureusement révélatrice de l’impuissance de l’Europe qui, malgré son soutien à l’Ukraine, a fait apparaître la faiblesse de ses propres moyens militaires.

Il nous faut rester solidaire de l’Ukraine qui décidera elle-même de la fin des combats. 

Pour la protection de leurs frontières extérieures, la plupart des pays européens dépendent de l’OTAN qui accorde actuellement  à l’Ukraine une aide militaire et logistique indispensables. C’est dire que la volonté politique et les moyens de défense de l’Europe sont malheureusement insuffisants pour assurer sa propre sécurité. En réalité, cette sécurité dépend, pour l’essentiel, des décisions du président et du Congrès américain, selon leurs choix politiques.

L’Europe vient de constater que dépendre, pour ses besoins en énergie principalement d’un autre pays, entraîne de graves conséquences, tant pour la population, que pour l’économie. Construire notre indépendance en énergie est donc devenu aussi urgent qu’indispensable.

Alors, le moment n’est-il pas venu pour l’Union Européenne de disposer de sa propre organisation de défense et d’une autonomie stratégique ?

Ne dépendre ni de la Russie pour son énergie, ni des Etats-Unis pour sa défense, ni de la Chine, et de quelques autres pour son économie, devraient être, désormais, les objectifs prioritaires de l’Union Européenne.

Il ne faut plus attendre pour que l’Europe devienne une puissance indépendante, souveraine et solidaire.

Je conclurai en citant Coudenhove-Kalergi : « Beaucoup d’hommes ont rêvé d’une Europe unie, mais peu se sont décidés à la créer. Il ne sert à rien de la désirer, il faut en faire un objet de volonté.

La seule force qui puisse réaliser la Paneurope, c’est la volonté des Européens.

Ainsi, une partie du destin du monde se trouve dans les mains de chaque européen. »

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