Origines et personnalités du mouvement PanEuropéen

Intervention réalisée par Mr Patrice Vermeulen lors des Universités d’été du CFUP 2021

Richard de COUDENHOVE-KALERGI

Biographie

1894 16 novembre naissance à Tokyo de Heinrich von Coudenhove-Kalergi, diplomate austro-hongrois (d’origine brabançonne et crétoise) et de Mitsuko Aoyama, fille d’un antiquaire japonais

enfance au château familial de Ronsperg en Bohème puis études à Vienne, docteur en philosophie en 1917

1914 réformé

1915, se marie avec Ida Roland (1881-1951) née Klausner, comédienne austro-hongroise de      confession juive, de 13 ans son aînée, avec qui il adoptera sa fille Erika

1919 citoyen tchécoslovaque

1922 appel dans la presse à l’unité européenne « La question européenne »

         création d’un premier mouvement paneuropéen dont Aristide Briand prendra la présidence de

         la section française

1923 publication de Paneuropa préconisant la mise en commun du charbon allemand et de l’acier       

         français

1924 lancement de la revue mensuelle Paneuropa

1925 publie « Idéalisme pratique »

1926 premier congrès paneuropéen à Vienne

1929 propose l’Ode à la joie comme hymne européen

1930 propose de célébrer une Journée de l’Europe en mai

1938 après l’Anschluss, part en Suisse

1939 prend la nationalité française avant de s’exiler aux États-Unis où il devient professeur à 

         l’université de New-York

1943 cinquième congrès paneuropéen à New-York à qui Winston Churchill envois un message                                                             

         appelant à la création d’un Conseil de l’Europe

1946 rencontre avec le Général de Gaulle

1947 fonde à Gstaad en Suisse l’Union paneuropéenne

1949 création du Conseil de l’Europe à Strasbourg

1950 9 mai déclaration de Robert Schuman appelant à la création de la CECA

         lauréat du Prix Charlemagne décerné pour la première fois à Aix-la-Chapelle

1951 traité portant création de la CECA

1952 président d’honneur du Mouvement européen avec d’autres personnalités européennes

         épouse la Suisse Alexandra-Carolina Gräfin von Tiele (1896-1968) avec qui il adoptera son

         fils Alexandre

1953 publie « La nation européenne »

1957 traité de Rome portant création de la CEE

1960 publie « L’évolution de l’idée européenne »

1965 démissionne du Mouvement européen

1966 Xème congrès paneuropéen à Vienne où Valéry Giscard d’Estaing propose la création d’une

         monnaie unique européenne

1969 épouse l’Autrichienne Mélanie Hoffman-Benatzky (1909-1983)

1971 décoré de la Légion d’honneur

1972 12 juillet, décès à Schruns en Autriche à l’âge de 77 ans.

Opinions

Richard de Coudenhove-Kalergi partage avec les Pères fondateurs de l’Europe le désir de paix.

Ils s’en distingue car il conçoit l’Europe comme une confédération sur le modèle de la Confédération helvétique avec une égalité entre les États quelle que soit leur taille.

Il s’en distingue aussi parce que s’il est favorable à une monnaie européenne, il ne veut pas une Europe fondée sur les seuls intérêts économiques. Il est habité par une mystique européenne renvoyant aux idéaux de la chevalerie.

Proche des idées du Général de Gaulle, favorable au Plan Fouchet de 1961 contesté par les autres dirigeants européens, accusé parfois de « gaullisme », il finira par démissionner du Mouvement européen.

Il est un peu oublié aujourd’hui car il n’a pas été en charge des affaires politiques de son pays. Il est en fait un précurseur et un visionnaire qui mérite d’être redécouvert.

ARCHIDUC OTTO DE HABSBOURG-LORRAINE

Biographie

1912 20 novembre naissance à Reichenau an der Rax en Autriche

         fils aîné de l’Empereur Charles Ier et de l’Impératrice Zita, derniers souverains de l’Empire

         austro-hongrois

1916 avec la montée de ses parents sur le trône, devient Prince impérial

1918 chute de l’Empire austro-hongrois

1922 après la mort de son père à Funchal sur l’île de Madère, devient Chef de la Maison de

         Habsbourg-Lorraine (Charles a été béatifié en 2004 par le Pape Jean-Paul II et un procès en

         béatification est en cours pour Zita)

1922-1940 vit dans différents pays : Espagne, France, Belgique où il obtient en 1935 un doctorat en

                  sciences politiques et sociales à l’Université catholique de Louvain, Luxembourg et

                  Canada

1940 exil aux États-Unis où il se lie d’amitiés avec le Président Roosevelt

1945-1954 vit entre Espagne, France et Allemagne

1951 se marie à Nancy avec la Princesse Regina de Meiningen (1925-2010) avec laquelle il aura

         sept enfants dont Walburga et Karl qui représentera l’Autriche au Parlement européen de

         1996 à 1990 sous l’étiquette du Parti Populaire autrichien (Otto et Regina  reviendront à

         Nancy pour leurs noces d’or en 2001)

1954 s’installe à Pöcking en Bavière

1961 à la naissance de son fils Karl, renonce à ses titres sur l’Autriche et la Hongrie

1973 succède à Richard de Coudenhove-Kalergi à la tête de l’Union paneuropéenne internationale

1978 est naturalisé ouest-allemand

1979-1999 est député européen représentant de la Bavière sous l’étiquette CSU

                  défend le français comme langue de l’Europe

1989 retrouve la nationalité hongroise mais refuse de se présenter à la Présidence de la République

         19 août organise avec Paneurope un pique-nique à Sopron en Hongrie à la limite de la

         frontière de l’Autriche, permettant ainsi à 600 Allemands de l’Est de passer à l’Ouest

2004 abandonne la présidence de l’UPI où il est remplacé par Alain Terrenoire

2011 4 juillet meurt à Pöcking à l’âge de 98 ans, inhumé le 16 à la Chapelle des Capucins de

         Vienne en Autriche, nécropole des Habsbourg, sauf son cœur placé le 17 dans l’abbaye de

         Pannonhalma en Hongrie.

Opinions

A écrit 35 ouvrages dont Mémoires d’Europe en 1994 et le Nouveau défi européen en 2008, livre

d’entretien avec Jean-Paul Picaper.

Profondément catholique, anti-nazi et anti-communiste.

Voit l’Europe comme un art de vivre ensemble à la manière de l’Empire austro-hongrois.

A toujours eu, pour cette raison, le souci d’unir l’Europe de l’Ouest et l’Europe de l’Est.

Hostile à la Constitution européenne jugée trop complexe.

Opposé à l’entrée de la Turquie mais respectueux de l’Islam.

Inquiet de la Russie de Poutine.

SYMBOLIQUE PANEUROPEENNE

En ce qui concerne le drapeau, il s’agit du drapeau européen (commun à l’Union européenne et au Conseil de l’Europe) représentant douze étoiles d’or sur champ d’azur auquel a été sur apposé un disque jaune traversé par une croix rouge.

Pour le drapeau européen, on sait qu’on le doit à Arsène Heitz, peintre strasbourgeois, qui n’a jamais caché que, pour le réaliser, il s’était inspiré de l’Apocalypse de Saint-Jean, évoquant « un signe grandiose apparu dans le Ciel, une femme revêtu du soleil… et douze étoiles couronnant sa tête ». A cet égard, il faut effectivement préciser que les douze étoiles n’ont jamais signifié le nombre d’États-membres de la Communauté européenne, même à l’époque de l’Europe de Douze.

S’agissant de la sur apposition, dû à Richard de Coudenhove-Kalergi dès 1923, le disque jaune représente le soleil d’Apollon, évoquant la Grèce antique et la croix rouge la croix du Christ teintée de son sang préfigurant celui du martyr que les premiers chrétiens ont subi en Europe, signifiant par là le double héritage culturel de l’Europe, l’héritage gréco-romain et l’héritage chrétien qui ont modelé ses lois et ses mœurs.

En plaçant la croix devant le soleil, Richard de Coudenhove-Kalergi a voulu signifier que la foi dépasse la sagesse humaine. Mais, à côté de cette mystique européenne, la croix et le soleil signifient également l’humanisme et le rayonnement de l’Europe.

Pour la devise, « In necessariis unitas, in dubiis libertas, in omnibus caritas » qu’on traduit par « unité dans les choses nécessaires, liberté dans les choses incertaines, charité en toutes choses », a été choisie par Richard de Coudenhove-Kalergi en 1923.

Elle a longtemps été attribuée à Peter Meiderlin (1582-1651), théologien allemand de confession luthérienne alors qu’on la pensait jusque là de Saint-Augustin. Depuis 1999, suite aux travaux de l’historien néerlandais Henk Nellen, on sait désormais que cette devise est due à Mario Antonio de Dominis (mort en 1624), archevêque de Split en indélicatesse avec le Saint-Siège. Elle tend à montrer, comme l’a écrit Saint-Paul dans sa Première Lettre aux Corinthiens, que la charité est la plus grande des vertus théologales.

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